Après plus de 35 années de travail passionné à l’écomusée du Pays de Rennes, devenu écomusée de la Bintinais – Jean-Luc Maillard a fait valoir ses droits à la retraite et a quitté la direction de l’institution au début de l’automne. Si l’écomusée est ce qu’il est aujourd’hui, Jean-Luc Maillard y est pour beaucoup : un léger retour en arrière s’impose.
Connu en tant que ferme depuis le 15ème siècle, le lieu-dit de la Bintinais, situé directement au sud de Rennes, est au milieu du 20ème siècle une des plus importantes fermes du Pays de Rennes, produisant en quantités importantes cidre et lait grâce à plus de mille pommiers et une trentaine de vaches laitières. Mais après 1950, l’extension de la ville proche, la pression foncière ou encore la modification des débouchés et normes de production entraînent un morcellement des terres et une importante réduction de la taille de l’exploitation. En 1982, Albert Trochet, dernier exploitant de la ferme prend finalement sa retraite.
La ferme de la Bintinais est alors récupérée par la ville de Rennes, sous l’impulsion notamment de Jean-Yves Veillard, alors directeur du musée de Bretagne. L’objectif ? Transformer la ferme en musée afin de témoigner de la mémoire rurale de Rennes au fil de siècles, notamment via son riche patrimoine architectural.
En 1986, pour préparer l’ouverture de l’écomusée est alors recruté Jean-Luc Maillard, naturaliste titulaire d’une maîtrise en environnement et agroécologie fort de plusieurs années d’expérience en bureau d’études. Premier embauché de la Bintinais, d’autres collègues viendront lui prêter main forte par la suite, dont Alison Clarke conservatrice.
Au printemps 1987, l’Écomusée du Pays de Rennes ouvre ainsi ses portes afin de permettre au public d’appréhender un demi-millénaire d’histoire rurale et d’envisager l’avenir, via une exposition permanente et des cultures. S’ensuivent plus de trente années de valorisation et de conservation de patrimoines naturels et humains.
Dès 1987, il est décidé de renouer avec l’histoire cidricole des lieux et de planter un verger conservatoire, fruit d’une enquête ethnobotanique dans la région et qui présente aujourd’hui 120 variétés de pommes. Cela ne suffisait pas, au végétal il a fallu adjoindre l’animal et en 1994, les animaux réinvestissent la Bintinais, et plus particulièrement des races anciennes en voie de disparition, du fait notamment de l’uniformisation agricole. La poule Coucou de Rennes est par exemple retrouvée dans un élevage pour préserver la race. Bovins, chèvres, porcs, âne, jument et volailles composent aujourd’hui les effectifs de la ferme !
Devenu directeur de l’écomusée en 2005, Jean-Luc Maillard y a également organisé avec ses collègues de nombreuses expositions temporaires, à raison d’une par an dans la halle d’expositions temporaires ouverte en 2010. Le grand espoir, campagnes années 60, Le cochon, une histoire bretonne, Landes de Bretagne, Vilaine, une histoire d’eaux, ou encore La nature pour modèle sont autant d’expositions – parmi d’autres – qui ont apporté à l’histoire et à la connaissance des patrimoines naturels et humains en Bretagne, ce à quoi les nombreux événements et animations proposés au musée participent également depuis de nombreuses années. Tout cela à valu à l’écomusée d’être reconnu en tant que “musée de France” et d’accueillir en moyenne près de 60 000 visiteurs par an depuis plusieurs années. Parmi les derniers chantiers sur lesquels Jean-Luc a travaillé avec son équipe avant de quitter l’écomusée : la refonte du projet scientifique et culturel, la future refonte du parcours permanent et la réalisation d’une halle du vivant,pour éduquer aux dynamiques du vivant, notamment en agriculture.
Enfin, après avoir été investi dans l’association Buhez -une des deux associations dont Bretagne musées est issu – Jean-Luc est investi dans Bretagne musées depuis sa création en 2015 au sein du bureau. Sa participation avisée aux projets de l’association, sa gentillesse et son humour y sont particulièrement appréciés ! Merci Jean-Luc pour tout ça !