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Le Musée de Dinan à la recherche d’un nouvel écrin

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Abbaye Saint Magloire De Léhon, Cliché Jacques Logeais

Présentation du Musée de Dinan

Le Musée de Dinan est un équipement municipal qui appartient à la commune nouvelle Dinan-Léhon (14 166 habitants) située à proximité du Mont-Saint-Michel, de Saint-Malo et de Dinard sur un territoire, en conséquence, très touristique. Ses 177 années d’existence font de ce musée l’un des plus anciens de Bretagne, aujourd’hui à la croisée des chemins et à la recherche d’un nouvel écrin. Le Musée de Dinan est un musée de création ancienne, fondé en 1843, à partir de la collection personnelle d’un érudit italien installé à Dinan : Luigi Odorici. Autrefois musée encyclopédique, il réunit aujourd’hui des collections de natures fort diverses : passant de l’archéologie aux beaux-arts, de l’ethnographie extra-européenne à l’ethnographie locale, en incluant aussi de nombreux spécimens d’histoire naturelle.

Initialement, il est installé au rez-de-chaussée de l’Hôtel de Ville de Dinan, puis, en 1908, il est transféré dans le château de la ville où il demeure plus d’un siècle. Les exigences en matière d’accueil des publics et de conservation des collections évoluant, la Ville de Dinan constate, au début des années 2000, que le château n’est plus en mesure de répondre à sa fonction de musée. La conservatrice de l’époque, Brigitte Richard, va même plus loin en soulignant que les collections exposées et l’architecture du château ont tendance à se neutraliser plutôt qu’à se valoriser mutuellement. Elle est la première à proposer de retirer les collections du château et de dissocier les deux entités.

Vue ancienne des espaces d’exposition permanents du musée de Dinan dans le donjon du château © Service des Musées de Dinan

Parallèlement à ce constat, démarre le chantier des collections avec, pour point de départ, un chantier-école de l’Institut National du Patrimoine. Cette première étape est l’occasion d’aménager des réserves, de conditionner une partie des collections, et d’informatiser l’inventaire grâce au logiciel Micromusée. À la même époque, l’équipe du musée se voit confier la gestion d’un second site patrimonial : la Maison d’artiste de La Grande Vigne, devenu depuis Musée Yvonne Jean-Haffen. Aujourd’hui, le chantier des collections est toujours en cours, environ 80% des collections ont été traitées. Quant au musée à proprement parlé, il est à la croisée des chemins. L’élection d’une nouvelle équipe municipale en 2014 acte définitivement la séparation du château et du musée. La nouvelle municipalité décide alors de valoriser le château pour ce qu’il est : un très beau témoignage de l’architecture princière du XIVe siècle. Une fois prise cette décision politique, de proche en proche, les collections quittent le château pour être placées en réserves tandis qu’une réflexion sur la relocalisation du musée et sur un projet scientifique et culturel (PSC) est lancée.

Les prémices du projet

La mise en place d’un comité scientifique

Pour accompagner le service des musées dans sa réflexion sur la relocalisation du musée et sur son PSC, la Ville de Dinan décide de mettre en place, en février 2017, un comité scientifique, composé à la fois de professionnels du secteur des musées et d’élus communaux. Ce comité scientifique présente le double intérêt de poser un regard neuf sur les collections du musée et d’être un lieu de débat.

La rédaction de la première partie du PSC

Accompagné de ce comité scientifique, j’ai débuté, en 2017, la rédaction du PSC, sachant que le Musée de Dinan n’était, jusque-là, encadré par aucun PSC. Mais sans vœu formé clairement par la municipalité et sans lieu affecté au musée, la tâche était ardue, j’ai donc commencé par ce qu’il m’était possible de faire : l’état des lieux. Fort heureusement, Brigitte Richard et Florence Rionnet, qui m’ont précédé à ce poste, avaient déjà réalisé un travail conséquent sur l’histoire du musée et sur ses collections.,La première partie du PSC est désormais écrite, elle s’attache à décrire le contexte général et local du nouveau musée, à retracer l’histoire de l’institution, et à faire le point sur son statut et sa gestion. Cette première partie vise, en outre, à décrire l’ensemble des collections (typologie, nombre d’items, statuts).

© Service des Musées de Dinan

Le concept du futur musée

La seconde partie du PSC du Musée de Dinan n’est, en revanche, pas encore écrite. L’identité, la personnalité, l’originalité du futur musée devront y être clairement définies à partir, bien sûr, de la nature des collections, mais aussi en se fondant sur le caractère du bâtiment qui accueillera le futur musée.

La relocalisation du musée à l’Abbaye de Léhon

Beaucoup de lieu ont été identifiés pour devenir le futur Musée de Dinan : l’Hôtel Bazin de Jessey, l’ancienne chapelle des Ursulines, l’ancienne église anglicane ou encore le centre des congrès René Benoît. Toutefois, quoi que tous situés l’intra-muros, aucun ne réunissait toutes les conditions pour y accueillir un musée. La création de la commune nouvelle de Dinan-Léhon le 1er janvier 2018 allait néanmoins offrir de nouvelles perspectives pour le Musée de Dinan. Dans ce mariage, la commune historique de Léhon apportait une dot très intéressante : l’Abbaye Saint-Magloire de Léhon, fondée au IXe siècle par le roi de Bretagne Nominoë et installée dans un cadre paysagé exceptionnel, au bord de la Rance. À la demande des élus de Léhon, l’Abbaye fait, en 2019, l’objet d’une étude culturelle sur son devenir, étude menée par le cabinet Objectif patrimoine qui a pris en compte les besoins du musée de Dinan. Résultat, l’étude restituée aux élus a proposé d’établir dans l’ancienne abbaye un lieu dédié aux arts plastiques réunissant le musée, une école d’art plastique et un centre d’art. Séduite par la proposition, la municipalité l’a inscrite dans son programme pour les élections du printemps dernier. L’équipe en place ayant été réélue, le projet de requalification de l’offre de l’Abbaye de Léhon devrait voir le jour au cours de ce mandat.

Un musée du XXIe siècle, tourné vers les arts plastiques

Le lieu d’implantation du futur musée de Dinan semble donc être désormais trouvé et son identité commence à s’esquisser : le futur Musée de Dinan se tournera vers les arts plastiques, en s’appuyant sur sa collections « beaux-arts », la sculpture constituera notamment le point fort du parcours permanent. Celui-ci se composera d’un premier espace de type « cabinet de curiosités » regroupant diverses typologies de collections rassemblées dans la seconde moitié du XIXe siècle par Luigi Odorici. Les œuvres et objets qui le composeront seraient accrochés selon un jeu de correspondances visuelles, analogiques ou sémantiques, à l’image de ce qu’avait fait Jean-Hubert Martin en 2016, pour son exposition, Carambolages présentée au Grand Palais. Ce cabinet de curiosités « carambolé » servirait d’introduction à la seconde partie du parcours : la Galerie du temps, librement inspirée du concept élaboré au Louvre-Lens. La Galerie du temps fera du Musée de Dinan un musée d’histoire de l’art, jouant sur la juxtaposition d’œuvres phares et de productions locales, cela nous donnera l’occasion d’aborder les notions de centre et de périphérie en histoire de l’art. Après la déambulation dans l’exposition permanente, les visiteurs accéderont à un espace d’exposition temporaire.

Plaque en schiste gallo-romaine des IIème-IIIème siècles de notre ère © Service des Musées de Dinan

Si les élus de Dinan n’ont pas formé de vœu précis quant au type de musée qu’ils souhaitent pour leur ville, ils ont quand même posé leurs conditions : ils ne veulent pas d’un musée traditionnel mais d’une nouvelle forme de musée : à nous donc, à notre humble niveau, de réinventer le musée et d’imaginer un équipement installé dans un monument historique, abritant en son sein une école d’art et un centre d’art contemporain, et convoquant les trois piliers de l’éducation artistique et culturelle : la rencontre (avec des œuvres, les lieux, les artistes), les pratiques artistiques, les connaissances des arts. Ce musée, nous l’imaginons volontiers polymorphe, ouvert à tous les arts, et comprenant le Musée Yvonne Jean-Haffen. La Rance, qui borde les deux sites, agirait alors comme un trait d’union entre l’Abbaye de Léhon et le Musée Yvonne Jean-Haffen. Ce fleuve étant canalisé et doté d’un chemin de halage, il est loisible d’imaginer la mise en place un parcours artistique (land art) reliant le Musée Yvonne Jean-Haffen au futur Musée de Dinan.

Conclusion

Contrairement à ce qu’indique le titre de cet article, le Musée de Dinan a finalement trouvé son futur écrin, ce sera l’Abbaye de Léhon. Le PSC, en cours de conception, fera résolument de ce futur équipement un musée du XXIe siècle à l’offre chamboulée, à l’image dépoussiérée et ayant transformé totalement sa relation avec le public.

 

Frédéric Bonnor

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