En 1972, les travailleuses et travailleurs bretons du Joint Français, filiale de la Compagnie Générale d’Électricité, formulent un carnet de revendications où il est, entre autres, question d’augmenter de 70 centimes par heure la valeur de leur travail. À cette cause se rallièrent rapidement les paysan·nes, les étudiant·es ainsi que des travailleurs et travailleuses d’autres usines ou secteurs d’activités. Tou·te·s savaient que la précarité vécue par les employé·es de l’usine, identifiée comme « pirate », était le résultat d’un projet de décentralisation basé sur la discrimination, avec un salaire inférieur à Saint-Brieuc par rapport à la région parisienne par exemple.
Cette grève représentait ainsi l’opportunité de se lever contre l’avenir proposé à la Bretagne par une alliance d’hommes en costard. Dans leur formulation, les revendications eurent ainsi une portée plus régionaliste qu’ouvrière. Si la question de classe apparaissait, l’inscription spatiale d’une cause se faisait ressentir. Cela n’impliquait pas de formaliser un nationalisme, mais de tisser différemment des liens avec d’autres luttes pouvant se situer en Bretagne ou ailleurs. Il s’agissait de « vivre et travailler au pays » et de revendiquer l’attribution du pouvoir décisionnaire aux « provinces » pour qu’elles puissent penser leurs avenirs.
Cette affiche, qui représente un rat, sur lequel est inscrit « CGE » (Compagnie Générale d’Electricité), grignote la Bretagne, dans la région de Saint-Brieuc. La portée régionale du mouvement est visible ici.