Ce bateau, à quai au port-musée de Douarnenez, avait pour fonction d’aller extraire et de transporter du sable en mer d’Iroise, qui borde les côtes occidentales du Finistère. Dieu Protège est issu d’une famille d’embarcations à l’activité ancienne et florissante : les gabares de la mer d’Iroise. A la différence de ses congénères, généralement polyvalentes, il va se spécialiser en se consacrant pendant 35 ans à l’extraction et au transport exclusif du sable. Ainsi, son activité – à partir de 1951, année de son lancement – sera concentrée sur la livraison, à Brest, des sables nécessaires aux chantiers de reconstruction de la ville, après les massives destructions de la deuxième guerre mondiale. Mais il décharge aussi à Port-Launay, Landerneau et Le Fret, dans le Finistère car son territoire, l’Iroise, correspond à une zone de navigation allant d’Audierne au sud à l’Aberwrac’h au nord.
Le Dieu-Protège est le plus fort des sabliers de Lampaul, dans le Léon (Nord-Finistère) : il porte 150 tonnes de sable dans sa cale. Ses mâts soulignent que, bien que disposant d’un moteur, ce bateau pouvait porter encore une importante voilure, ce qui en fait un témoin de la dernière génération des gabares à voile. Cependant, les propriétaires entendaient obtenir un bateau moderne, avec les équipements mécaniques alors disponibles. Ils font donc poser d’emblée un moteur de propulsion et des hélices. L’enjeu est de taille ! Ce moteur a affranchi Dieu-protège des incertitudes du vent, des effets contraires des marées, lui permettant aussi d’atteindre des bancs de sable autrefois inaccessibles.