La marquette (également appelée marquoir, ou abécédaire) est une petite pièce de tissu sur laquelle les jeunes filles traçaient au point de marque (une technique apparentée à la broderie) un alphabet et les chiffres de 0 à 9, souvent signée, agrémentée d’une frise ou encore datée.Contrairement à la broderie, le marquage est un art plus brut, plus élémentaire qui annonçait pour toutes les filles, quelque soit leur condition, la nécessité de marquer leur linge. Yvonne Verdier, anthropologue, nous invite, pour comprendre l’importance et le sens de la marquette, à revenir au destin biologique du corps des femmes. Elle rappelle qu’en certains lieux, « marquer » se disait du premier jour des premières règles dans la vie d’une femme. Il semblerait donc que, comme marqué au fer rouge, c’est le sang versé à chaque lunaison qui déterminera que “tel être humain” se verra attribuer, ou non, un rôle et un champ d’action restreint au territoire domestique. La transmission de la marquette plaçait subtilement les jeunes filles sur la voie de l’entretien du linge de maison, puis de celui de la famille avec toutes les tâches ménagères que cela induisait.