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Bas-relief monumental : le Joint français

En février 1972, à Saint-Brieuc, les ouvrières et ouvriers de l’usine du Joint français, usine décentralisée de la Compagnie Générale d’Électricité, spécialisée dans la fabrication de joints en caoutchouc, entrent en conflit avec leur direction autour de revendications salariales. Il s’ensuivit une série de débrayages (des interruptions temporaires de travail). La grève générale et l’occupation de l’usine furent votées le 10 mars. L’usine est évacuée le 17 mars par les gendarmes mobiles. Le 8 mai, un protocole d’accord est accepté par le vote des ouvrières et ouvriers.

Cette grève qui, au final, aura duré un peu plus de huit semaines, peut rapidement se caractériser par une double dimension : nationale – par l’ampleur des mouvements de soutien et des investissements politiques qui la grandissent dans des thématiques qui leur sont propres – et régionale – par la solidarité tant ouvrière que paysanne et la jonction avec les mouvements culturels. Par conséquent ce moment de 72 peut aussi être considéré comme la cristallisation de la définition de ce qu’est ou devrait être la Bretagne.

Entre 1977 et 1981, Alain Marcon, sculpteur, réalisa ce bas-relief en bois polychrome traitant des mobilisations de 1972. Cette œuvre de 12 mètres de long sur 1.50 mètres de haut, présentée par son auteur comme lyrique, ne sera exposée que rarement et seulement en deux occasions à Saint-Brieuc. Cela révèle une absence de volonté de donner à voir l’œuvre de cet artiste de la région, due principalement au fait que les mobilisations du Joint Français sont restées et continuent à être un sujet brûlant.

L’artiste y a représenté de nombreux épisodes de cette grève : manifestations, occupation d’usine, charges de la gendarmerie mobile, concerts et mouvements de soutien et de solidarité, négociations… Tous ces événements sont rassemblés de manière très didactique par l’artiste, comme dans un récit.

Pour son élaboration, Alain Marcon a tenu à consulter un groupe de personnes ayant participé à la grève, dont Jean Le Faucheur, alors secrétaire de l’Union Départementale de la CFDT. L’artiste souhaitait échanger avec ce collectif autour de l’avancée de ses études et esquisses. C’est de cette manière qu’il a construit un récit sculpté en abandonnant l’issue qu’il avait prévue dans un premier temps : devant l’usine dont les portes s’ouvraient à nouveau, un dirigeant syndical apparaissait en criant à la foule « plus rien ne sera jamais comme avant ». Un aboutissement qu’il a transformé en celui qui clôt le récit de la fresque que vous avez sous les yeux et qui d’une certaine manière propose une lecture cyclique du temps : un retour au travail.

 

 

Cartel

Bas-relief monumental : Le Joint français
Alain Marcon
Réalisé entre 1977 et 1981
12 m x 8 m
Bois polychrome

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