Cette figure de proue monumentale symbolise la figure corsaire malouine depuis son acquisition en 1957 et son exposition dans la salle d’honneur du musée. La sculpture représente un marin au visage juvénile dont le costume et les accessoires trahissent son grade d’officier de marine du 18ème siècle : un chapeau circulaire à galon décoré d’un plumet et d’une cocarde, un veston aux larges manchettes, une croix de chevalier de Saint-Louis, un foulard noué au cou, une ceinture d’étoffe qui enserre un poignard et un pistolet
Découverte dans le jardin d’une villa de Paramé en 1952, la sculpture n’a pas fait l’objet d’une identification précise et d’une attribution définitive jusqu’à sa restauration opérée en 2013-2014. À cette occasion et au hasard de recherches dans les fonds photographiques de la Bibliothèque nationale de France, le musée a finalement mis la main sur un album-souvenir intitulé Voyages en France et en Suisse daté de 1884-1885 qui renfermait deux clichés du port de Brest. Quelle stupéfaction d’y reconnaître à poste sur la proue d’un vaisseau désarmé et amarré à quai dans l’embouchure de la Penfeld la fameuse figure de proue de Saint-Malo !
En fouillant davantage dans les sources historiques, le mystère s’est dissipé plus de cinquante années après son apparition : le vaisseau en question était un bâtiment de 90 canons à poupe arrondie relevant de la classe des Suffren lancé le 14 septembre 1852 sous le patronyme Jean-Bart, devenu à partir de 1864 navire d’application de l’École navale, puis désarmé à Brest avant sa destruction en 1886. La marine française et le maître sculpteur avaient finalement honoré le marin dunkerquois qui, depuis la fin du 18ème siècle, était celui qui incarnait le mieux le « génie corsaire ».
