Cette œuvre était célèbre à son époque, au 18ème siècle, grâce à la position de premier plan qu’occupait Pompeo Batoni à Rome, comme portraitiste et peintre d’histoire. La scène relate la mort de l’amant de Cléopâtre : persuadé du suicide de la reine égyptienne, Marc-Antoine retourne son glaive contre lui. Le général romain blessé échange un dernier regard avec sa bien-aimée, dans une étreinte faisant la part belle aux émotions des personnages. Les amants vivent leurs derniers instants, comme l’atteste le tombeau de marbre que l’on aperçoit à l’arrière-plan – la reine mettra fin à ses jours après la mort de son amant. Le peintre ne représente donc pas ces personnages historiques dans leur puissance politique et militaire, mais plutôt à travers une scène intime et dramatique.
Fils d’orfèvre, Pompeo Batoni se forme à Rome, où il reçoit de nombreuses commandes, tant comme portraitiste pour la Papauté et l’aristocratie, que comme peintre d’histoire. Il appartient à une communauté artistique, qui, venue de toute l’Europe, se trouve à Rome dans la seconde partie du XVIIIe siècle pour y élaborer un nouveau langage : la simplification des formes, le retour à l’antique et l’héroïsation des sujets. Dans cette œuvre, la sobriété de la scène, le cadre dépouillé du palais et le caractère dramatique du sujet sont révélateurs de l’émergence de ce nouveau courant : le néoclassicisme.
L’estampe associée a été réalisée en 1778 par Johann Georg Wille, graveur des cours royales française et danoise, cette reprise inversée de la composition originale atteste de sa diffusion à l’échelle européenne. Cette estampe est dédiée à Paul Petrovitz, fils de l’impératrice Catherine II de Russie. Elle témoigne de la renommée du graveur, mais aussi de celle du peintre, dont l’œuvre était réputée en son temps.