Que fait cette femme, pieds nus, portant des algues sur son dos ? Tout à fait dans l’esprit de la tradition naturaliste, la ramasseuse de goémon paraît défier la fureur des éléments. Alfred Guillou exalte là la grandeur de l’effort humain dans une composition théâtralisée comme il en a le secret. Cette femme, représentée grandeur nature, s’impose par sa stature et sa force. Guillou la représente dans un décor sombre de mer déchainée, en appui sur les rochers. Sa puissance est impressionnante, la composition académique renforce le réalisme du sujet et exalte l’expression de sublime et de grandeur. C’est une scène réaliste que représente Alfred Guillou. Le ramassage de goémon était une pratique courante sur les côtes bretonnes. Les algues, aux longues lanières pleines de vésicules gonflées d’air étaient arrachées au moyen de tridents pour être épandues sur les terrains à fertiliser. Cette récolte, très réglementée, était pratiquée à marée basse aux équinoxes de mars et septembre.
Né à Concarneau, Alfred Guillou passe son enfance dans un environnement maritime où son père, marin confirmé, est pilote de port. Sa rencontre, à 10 ans, sur le port de Concarneau, avec le peintre Eugène Isabey, est déterminante dans le choix de sa carrière. Après des études à Paris, il revient s’installer à Concarneau avec Théophile Deyrolle qui épouse sa jeune sœur. À partir de ce moment, il consacrera les sujets de sa peinture à la représentation de la Bretagne. Ses envois réguliers au Salon sont récompensés. Plusieurs fois médaillé, l’État lui achète des œuvres qui sont déposées dans les musées de province. C’est le cas de la Ramasseuse de goémon, qui est achetée au Salon de 1890 et déposée au musée d’Angers avant de rejoindre les collections du musée de Morlaix.