L’affaire Dreyfus est devenue une véritable question d’opinion publique à la fin du 19ème siècle. Cependant, on se souvient peu qu’une partie de ce feuilleton judiciaire s’est tenue à Rennes. Cinq ans après le procès de 1894, la révision est finalement obtenue par les défenseurs de Dreyfus : un second procès se tient à Rennes entre le 7 août et le 9 septembre 1899. En 1899, Rennes, capitale de la Bretagne compte 69 900 habitants : elle est choisie par les juges qui la voient comme une ville calme, somnolente, paisible. C’est aussi une ville conservatrice, bourgeoise, assise sur ses traditions, quasi exclusivement catholique. Le poids des ecclésiastiques, des militaires et des magistrats y est considérable.
Le procès de Rennes s’ouvre dans une atmosphère de calme apparent, derrière lequel se cache une opinion publique majoritairement anti-dreyfusarde. Cette photographie, prise le 7 août 1899 dans un lycée de Rennes, aujourd’hui Lycée Émile Zola, évoque le déroulé de l’audience devant le conseil de guerre. Elle montre Alfred Dreyfus debout, faisant face aux juges, lors de la lecture du jugement. Dreyfus est à nouveau reconnu coupable, mais avec des « circonstances atténuantes ». Il est condamné à dix ans de détention et dépose un pourvoi en révision. À bout de forces, il demande la grâce présidentielle qu’il obtient d’Émile Loubet, sans pour autant être innocenté.