En août 1848, l’Etat commande à Alfred Dehodencq la réalisation d’un tableau afin de le remercier d’avoir défendu le gouvernement et la République lors des journées de juin 1848. Pour répondre à cette commande, Dehodencq fait le choix d’illustrer un épisode du roman Bernardin de Saint-Pierre, Paul et Virginie, paru en 1788. Paul et Virginie grandissent sur l’Ile de France, ancien nom de l’Ile Maurice. Adolescents, ils s’aiment mais Virginie doit retourner en métropole. Au bout de deux ans, la jeune fille regagne l’île, son navire est néanmoins pris dans une tempête et échoue sur les rochers de l’Ile de France, sous les yeux de Paul. L’artiste retient l’un des moments les plus tragiques du roman : la découverte du corps de Virginie, après le naufrage, par Domingue, l’esclave noir de la famille de Paul.
Alfred Dehodencq soigne particulièrement l’expression des visages et joue sur le contraste entre celui de Domingue, ravagé, et le visage totalement apaisé de Virginie. Quand Alfred Dehodencq peint son tableau, le thème du naufrage est dans l’air du temps, il est fort plébiscité, particulièrement depuis Radeau de la Méduse peint par Géricault en 1819. Le tableau appartient au romantisme noir de par son atmosphère mortifère, sa lumière crépusculaire et le drame qu’il met en scène. L’artiste termine son tableau en mai 1849, il est livré à l’Etat qui l’expose au Salon, à l’été 1849, et qui le dépose au Musée de Dinan en septembre 1849.