Plus de 140 ans après sa création, le musée de Préhistoire de Carnac est sur le point d’écrire une nouvelle page de son histoire. En effet, 2025 verra le lancement de travaux pour la construction d’un nouvel écrin pour celui-ci !
C’est avec un Écossais, James Miln, que début l’histoire du musée, à la fin du 19ème siècle. Passionné par le patrimoine archéologique de la région de Carnac, celui-ci y mène des fouilles de 1877 à 1881, date de sa mort, à laquelle le produit de ses fouilles est légué à la commune. Le musée ouvre ainsi ses portes en 1882, il y a 140 ans, sous le nom de « Musée Miln ». Successeur de l’archéologue écossais, un certain Zacharie Le Rouzic se passionne également pour l’archéologie préhistorique. D’abord assistant de James Miln puis gardien du musée, Le Rouzic fouille et restaure de 1895 et de 1939 de nombreux sites patrimoniaux dans les environs de Carnac. Il fait classer les collections du musée au titre des monuments historiques et fait don du mobilier issu de ses fouilles au musée.
Le musée devient ainsi le musée « Miln-Le Rouzic », en 1928. Soixante ans plus tard, en 1985, le musée prend ses quartiers et est inauguré dans l’ancien presbytère de la commune, où il se situe actuellement, suivant les projets muséographiques menés par la conservatrice carnacoise Anne-Elisabeth Riskine. Les collections étaient en effet devenues trop nombreuses et leur conservation trop difficile dans l’ancien bâtiment.
Aujourd’hui, dans le sillage d’un projet scientifique et culturel validé en 2011, puis d’une étude de programmation lancée en 2020, le musée quittera prochainement l’ancien presbytère après quarante années passées sur le site. Des espaces trop exigus, des réserves trop humides et petites étaient notamment problématiques. Un espace de restauration pour le mobilier, un espace consacré aux expositions temporaires, une boutique et un café paraissaient souhaitables pour ce nouvel équipement, pour lequel plusieurs sites potentiels d’implantation avaient été identifiés.
Les travaux débuteront donc en 2025, non loin du musée actuel, à la place de l’ancienne cantine municipale, le site retenu, rue Poul Person. Le musée s’apprête ainsi à faire peau neuve, s’affirmant comme une institution de référence pour la période à l’échelle européenne. Cela paraît d’autant plus intéressant et approprié que ces travaux s’inscrivent dans une démarche plus large de valorisation du patrimoine mégalithique portée par le projet d’inscription à l’UNESCO des paysages de mégalithes de Carnac et du Sud Morbihan.
C’est le projet du cabinet d’architectes Projectiles qui a été choisi pour réaliser ce nouvel écrin dont l’esthétique évoquera, par son aspect massif, rugueux et lithique, les monuments mégalithiques alentours. Pensé comme un marqueur paysager au cœur de la ville, le bâtiment présentera 3200 m2 de surface sur trois étages, avec des espaces muséographiques plus grands permettant de mieux valoriser les collections exceptionnelles du musée. Le parcours se focalisera notamment sur la période mégalithique, extraordinaire à Carnac, de l’édification des ces monuments dans le paysage à l’arrêt de leur construction.
Les réserves où seront conservées une partie des collections se situeront au sous-sol et on trouvera au rez-de-chaussée, ouvert sur la ville par une galerie, un espace d’accueil et pédagogique, ainsi que des bureaux pour l’équipe du musée. L’étage présentera notamment une large ouverture sur les paysages alentours et notamment le tumulus Saint-Michel, édifice mégalithique bien présent dans le paysage et sur lequel a été construite une chapelle. La restitution d’un paysage de landes sera également réalisé autour du musée. Une œuvre devrait enfin prendre place dans le cadre du » 1% artistique « , potentiellement dans la lande paysagère entourant le musée ou autour de l’escalier monumental de celui-ci. Le projet devrait s’achever en 2027.
Avec ce nouvel équipement, il est envisagé de multiplier par trois la fréquentation de l’actuel musée. La fréquentation est estimée à 120 000 visiteurs par an. Ce projet, d’un coût prévisionnel de 20 millions d’euros, est porté par la Ville de Carnac, soutenue financièrement par l’État, la Région Bretagne, le département du Morbihan et la communauté de communes Auray Quiberon Terre Atlantique. Encore trois ans de patience donc, avant la réalisation de ce beau projet … une attente à la durée très relative à l’échelle des mégalithes !