Le Musée de Pont-Aven défend une politique active d’enrichissement de ses collections en lien avec l’histoire des artistes de l’École de Pont-Aven et de ceux ayant fréquenté Pont-Aven au même moment que Paul Gauguin. « Un musée qui n’acquiert pas est un musée qui meurt » : la vitalité de la politique d’acquisition du musée est rendue possible grâce notamment à CIC Ouest, mécène officiel du Musée de Pont-Aven.
Membre du groupe des Nabis et élève à l’académie Julian, Henry Gabriel Ibels surnommé « le nabi journaliste », est à la fois lithographe, collaborateur aux principaux journaux illustrés de l’époque, décorateur de théâtre d’art de Paul Fort, illustrateur des programmes du Théâtre Libre d’Antoine et l’un des fondateurs de la Société des Dessinateurs Humoristes.
La peinture qui entre dans les collections du musée est probablement une commande d’André Antoine (1858-1943), propriétaire du Théâtre Libre à Paris pour sa résidence secondaire à Camaret-sur-Mer. Grands amis, l’artiste a réalisé de nombreux programmes pour le Théâtre Libre, devient le directeur des costumes quand Antoine prend la direction du Théâtre de l’Odéon.
Ibels séjourne également avec son ami Aristide Briand chez son autre ami Jean Ajalbert qui loue un manoir à Trédrez-Locquémeau (Côtes-d’Armor). La peinture représente le site voisin de Saint-Michel-en-Grève, avec les femmes en costume du Trégor. Avec ses cernes noirs, à la manière d’un vitrail, la toile est proche dans le traitement d’un dessin satirique reproduit dans L’Assiette au beurre du 1er septembre 1906, n° 283.
Le cloisonnisme de cette œuvre bretonne fait écho à certaines œuvres d’Émile Bernard alors que ses autres œuvres bretonnes sont beaucoup plus réalistes. Dotée d’un très beau cadre, cette œuvre pourrait faire songer à un projet de vitrail car Ibels a été l’un des premiers Nabis à avoir contact avec Bing au sujet des projets de vitraux réalisés par Tiffany.