Peintre et militaire, Penguilly-L’Haridon est un polytechnicien qui a perfectionné son art auprès de Meissonnier. Resté proche de l’École polytechnique, il y devient inspecteur des études, une charge qui lui permet toutefois de poursuivre sa carrière artistique et d’exposer au Salon. Napoléon III l’apprécie et lui commande plusieurs tableaux dont le Combat des Trente, épisode de la guerre de Succession de Bretagne contre les Anglo-bretons au XIVe siècle. Dans l’œuvre éclectique de l’artiste, le tableau Les petites mouettes confirme la reconnaissance bretonne de sa famille.
L’étonnant point de vue que Penguilly-L’Haridon a choisi pour représenter cette grève du Morbihan force l’attention du spectateur. Vide d’une représentation humaine, la partie inférieure droite de la composition réunit une colonie de mouettes. Elles ont déjà envahi l’espace, faisant de leurs ailes une sorte de couronne blanche sur les hauteurs d’un rocher. Le peintre est très précis dans le détail de ce qu’il figure, tout en donnant une ampleur au paysage mangé par les vagues. Baudelaire, dans sa notice du Salon de 1859, fait l’éloge de ce site marin, l’horizon devenant comme une « porte ouverte sur l’infini », compliment qui anticipe une expression surréaliste. Cette année-là, l’État fait l’acquisition du tableau sur les recettes de l’Exposition du Salon, l’attribuant bientôt au Musée de Rennes.
Le musée des beaux-arts de Rennes
