Cette louche intervient lors du processus de création de l’acier. C’est en 1884, deux ans après le rachat de l’usine de fer blanc familiale de la famille Trottier par la Société Générale des Cirages Français, que sont installés trois fours Martin-Siemens dans l’aciérie des Forges d’Hennebont.
Ce procédé Martin-Siemens porte le nom de ses deux inventeurs : Pierre-Émile Martin et Carl Wilhelm Siemens. Plus communément appelés Fours Martin en France, ils fonctionnent selon le principe de fours à réverbère, limitant ainsi les interactions indésirables entre l’acier et les combustibles nécessaire à la chauffe. Dans un premier compartiment situé en partie inférieure se trouve la zone de combustion dans laquelle est brûlé le charbon, le fuel ou le bois. La chaleur produite est réverbérée (réfléchie) par une voûte vers un second compartiment placé en partie supérieure, dans lequel se produisent les réactions chimiques propres à l’affinage.
C’est à l’intérieur de cette partie en brique que sont brûlés à plus de 1500°C de la fonte, de la ferraille (riblons), du minerai et des additifs divers. En chauffant, tous ces éléments solides vont se transformer en acier liquide. La durée du processus de fonte est estimée entre 5 et 7 heures environ, mais cela nécessite un contrôle vigilant : en effet, il faut contrôler que tous les produits ont bien été rendus liquides et ont pu fusionner. C’est donc là qu’intervient l’ouvrier en charge de la « prise de l’éprouvette ». A l’aide de la louche, l’ouvrier va aller chercher dans le four une petite quantité du liquide en fusion et le verser dans une éprouvette afin que d’autres ouvriers puissent en vérifier la conformité.
La longueur de cette louche s’explique donc par le fait qu’il faille l’introduire au cœur du four, mais également, pour des raisons de sécurité, laisser l’échantillon prélevé loin des mains de son porteur. Les ouvriers qualifiés observent ensuite à l’aide de plaquettes en verre opacifiées le résultat de fonte et confirment sa conformité ou le prolongement du temps de fonte.
