Ce médaillon en ivoire serait une valve de miroir, mettant en scène une femme, vêtue comme un homme, assise sur un tonneau posé au sol, et un homme, agenouillé face à un tonneau dont il verse le vin dans une cruche. A leur pied gît une couche de végétaux. Bien que les valves de miroir en ivoire soient caractéristiques de la fin du Moyen-Âge, l’objet semble dater du 17ème siècle comme en témoignent les vêtements des deux personnages, caractéristiques de ce siècle, avec le chapeau en feutre empanaché, le pourpoint allongé, la chausse souple allongée jusqu’au genou.
De même, la cruche que porte l’homme est tout à fait conforme à un type de cruches en grès utilisé en Pays de Caux (en Normandie) au 17ème siècle tandis que la typographie de l’inscription « BON VIN » avec le « N » à l’envers est emblématique du même siècle. Ce médaillon est bien une valve de miroir mais du 17ème siècle, époque où les thèmes populaires de la ruralité (scènes de mariage, de joueurs de cartes, de tabagie, de kermesse, de taverne…) sont devenus à la mode grâce à la peinture hollandaise.
L’atelier est sans doute à situer à Dieppe, ville devenue la capitale de l’ivoire en France à une époque où les défenses d’éléphants en provenance du Sénégal et de la Gambie arrivent en grand nombre en Normandie. L’abondance de l’ivoire et sa belle qualité permettent aux sculpteurs dieppois de réaliser un grand nombre d’objets de tailles diverses, dont des œuvres miniatures comme ce médaillon.