Le musée du Faouët a reçu un legs exceptionnel de quinze peintures signée de cinq artistes différents : Jean-Bertrand Pégot-Ogier (1877-1915), Adolphe Beaufrère (1876-1960), Étienne Bouillé (1858-1933), Louis Marie Désiré-Lucas (1869-1949) et Pierre de Belay (1890-1947).
L’annonce du legs à venir par un couple de collectionneurs de peintres bretons, Marthe et Maurice Le Gaillard a été faite fin 2023. Le couple, très familier du musée et des ses évènements, avait déjà prêté quelques œuvres qui font aujourd’hui partie du legs, dans le cadre d’expositions temporaires notamment celle dédié au peintre Jean-Bertrand Pégot-Ogier en 2015, incluant trois œuvres du legs.
Au total ce sont donc quatre œuvres de Pégot-Ogier léguées au musée, dont deux – Noce bretonne (1897) et La Batteuse – qui incarnent deux scènes de vie qui pour l’une, capture l’essence festive et chaleureuse des mariages en Bretagne à travers une danse traditionnelle et pour l’autre, témoigne de la solidarité et de l’effort collectif dans les campagnes bretonnes à l’occasion des travaux agricoles. Pégot-Ogier, qui a été l’élève de Théophile Deyrolle (1844-1923) et d’Alfred Guillou (1844-1926) à Concarneau vers 1897-1898, se lie aussi d’amitié avec Henry Moret (1856-1913) autour de 1904, à Doëlan, et c’est sous son influence qu’il s’oriente vers le synthétisme et l’impressionnisme qu’il pratique tout à tour. C’est à la même période, vers 1902-1903, que Pégot-Ogier vient au Faouët depuis Hennebont, où il s’est installé, en vélo ou en tandem avec élève et ami Pierre Bertrand, pour travailler côte à côte sur le motif.
La petite cité picturale du Faouët a aussi été fréquentée par Adolphe Beaufrère dont cinq peintures sont léguées au musée. Né à Quimperlé, ce peintre et graveur s’établit à Larmor-Plage dans le hameau de Kerblaisy, d’où il sillonne la côte et la campagne. L’artiste représente la nature, intemporelle, exempte de tout pittoresque, allant à l’essentiel, d’où son synthétisme puissant. Son maître, Gustave Moreau (1926-1898), lui avait enseigné de « faire simple et s’éloigner du faire lisse et propre ». Il a travaillé à plusieurs reprises au Faouët sur une période allant d’environ 1923 à 1942 avec un intérêt particulier pour le site de la chapelle Sainte-Barbe.
Les époux Le Gaillard affectionnaient beaucoup l’œuvre de Beaufrère, dont la maison était située non loin de l’appartement qu’ils habitaient à Larmor-Plage. Depuis leur balcon, la vue sur la plage de Toulhars, les renvoyaient par ailleurs à deux gouaches des quatre tableaux de Pierre de Belay qu’ils ont réservés au musée. La peinture de cet artiste quimpérois est moderne et ses ambiances bretonnes gaies et colorées à l’image de la bonne humeur qui animait le couple Le Gaillard. Les Enfants à la plage (ou Sur la plage à Concarneau) et la Plage avec parasols renvoient à la pureté et à la joie des enfants jouant en bord de mer, tandis que les Pêcheurs à Audierne rappelaient probablement à Maurice et à Marthe un milieu qu’ils ont tant côtoyé de par leur profession de mareyeur.
Les Sardiniers au mouillage d’Étienne Bouillé rendent hommage au monde maritime, dans une représentation structurée de ces embarcations en cabanage qui met en lumière le dur labeur des pêcheurs. Cet artiste breton d’adoption a fréquenté l’atelier de Gérôme et lui doit sans doute sa technique précise et descriptive, mais son travail photographique sur la Bretagne contribue tout autant au réalisme qui se dégage de ses peintures. Il a par ailleurs photographié à quelques lieues du Faouët, des scènes de vie à Guémené-sur-Scorff : fileuse, tisserand, ou encore le partage d’un repas de crêpes de blé noir.
La dernière œuvre du legs est signée de Louis-Marie Désiré-Lucas et représente La Hêtraie des Plomarc’h. Ce hameau, surnommé « le Barbizon breton », a été l’un des lieux les plus fréquentés par les peintres à Douarnenez, où Désiré-Lucas s’installe même s’il garde ses attaches en Morbihan et notamment à Vannes et ses alentours, après s’être marié à une vannetaise en 1895. Cette allée boisée filtre doucement la lumière. Une lumière bretonne à laquelle Marthe et Maurice Le Gaillard sont restés profondément attachés outre leurs nombreux voyages. C’est certainement cette affection toute particulière pour la Bretagne qu’ils retrouvaient dans l’ambiance des salles du musée et du musée de Pont-Aven et qui a orienté leur choix de léguer leur collection de tableaux entre ces deux lieux qu’ils aimaient tant.
Liste des œuvres léguées au musée du Faouët :
- Noce bretonne (mars 1897) de Jean-Bertrand PÉGOT-OGIER (1877-1915), huile sur toile – 73 x 92 cm
- La Batteuse de Jean-Bertrand PÉGOT-OGIER (1877-1915), huile sur toile – 46 x 65 cm
- Barques au mouillage de Jean-Bertrand PÉGOT-OGIER (1877-1915), huile sur panneau – 54 x 30 cm
- Promenade avec les enfants un dimanche de Jean-Bertrand PÉGOT-OGIER (1877-1915), huile sur toile – 50 x 65 cm
- Fort et voiliers d’Adolphe BEAUFRÈRE (1876-1960), huile sur panneau – 38 x 31 cm
- Paysage méridional d’Adolphe BEAUFRÈRE (1876-1960), huile sur papier marouflé sur toile – 25 x 23 cm
- Le Pont Lorois d’Adolphe BEAUFRÈRE (1876-1960), huile sur papier marouflé sur toile – 48 x 28 cm
- Kernévénas, environs du Pouldu d’Adolphe BEAUFRÈRE (1876-1960), huile sur panneau, 45 x 54 cm
- Foins à Kerblaisy (1945) d’Adolphe BEAUFRÈRE (1876-1960), huile sur panneau, 45 x 54 cm
- Sardiniers au mouillage d’Étienne BOUILLÉ (1858- 1933), Huile sur toile – 27 x 41 cm
- La Hêtraie des Plomarc’h de Louis Marie DÉSIRÉ-LUCAS (1869- 1949), huile sur toile – 65 x 54 cm
- Plage avec parasols de Pierre de BELAY (1890-1947), gouache – 40 x 51 cm (à vue)
- Enfants à la plage (1925) de Pierre de BELAY (1890-1947), gouache – 40 x 52 cm
- Au jardin du Luxembourg (1926) de Pierre de BELAY (1890-1947), huile sur toile – 38 x 46 cm
- Pêcheurs à Audierne (1927) de Pierre de BELAY (1890-1947), huile sur toile – 46 x 55 cm
Sardiniers au mouillage d’Étienne BOUILLÉ (1858- 1933), Huile sur toile – 27 x 41 cm
