Achetée en 1894 par le Musée du Château de Vitré, cette cheminée monumentale provient d’une ancienne maison de la rue Poterie, propriété de riches négociants spécialisés dans le commerce de la toile au XVe siècle. Occupant une place d’honneur, la cheminée constituait l’ornement de la pièce d’apparat, signe ostentatoire de l’ascension sociale de la famille.
Le décor présente les bustes des commanditaires, Lucas Royer, membre de la prestigieuse Confrérie des Marchands d’Outre-Mer qui contribua à la prospérité de la cité de Vitré aux XVe et XVIe siècles et son épouse, Françoise Gouverneur, dans une attitude évoquant celle du portrait peint. La richesse du négociant est affirmée par la finesse de la sculpture, qui fait état d’une profusion de détails, tels ceux des broderies des tissus et des fraises tuyautées.
Cette cheminée se rattache également à un courant artistique nouveau, celui de la Renaissance, tandis que la profusion des motifs, végétaux notamment, renvoie à la corne d’abondance, référence d’origine antique alors en voie de christianisation. Nous n’avons pas de certitude quant à l’auteur de cette cheminée. Toutefois, seul un sculpteur habitué à ciseler le grès – pierre très dure – a pu exécuter ce tour de force. Un nom a été avancé, celui d’André Bonnecamp, tailleur d’images, décédé à Vitré en 1616.