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Paravent chinois du 17è s. représentant des Européens à la chasse

Musée de la Compagnie des Indes

Port-Louis

Arts décoratifs - Techniques


Pendant la dynastie Ming (1368-1644), les Européens ne sont pas désirés sur le sol chinois. L’empire se protège de toute influence étrangère. Depuis leur apparition sur les côtes chinoises, en 1513, les Portugais sont tenus à l’écart sur l’île de Macao. Près d’un siècle plus tard, le gouvernement chinois instaure un blocus continental, les Chinois ne peuvent plus prendre la mer. Le « grand dérangement », qui vise à éloigner les populations du littoral pour lutter contre la piraterie, est ordonné. Au cours du 17e siècle les Hollandais envoient, sans succès, trois ambassades vers l’empereur pour tenter d’obtenir des accords commerciaux.

La prise de Formose en 1680 par les Chinois marque la fin de la piraterie contre laquelle le gouvernement lutte depuis des années. C’est le début du déverrouillage de la Chine. L’empereur Kangxi proclame la liberté du commerce extérieur en 1684. Dès lors, quelques ports s’ouvrent sporadiquement à la Compagnie anglaise, l’East India Company (EIC). Les marchandises chinoises qu’elle achète sont ensuite redistribuées dans ses comptoirs asiatiques, ceux du Bengale et de la côte de Coromandel en Inde.

Dans ces places de commerce, l’EIC dispose d’entrepôts où viennent se fournir les commerçants des autres nations, notamment les Français de la Compagnie des Indes également installés à proximité. Ces circuits de commerce indirect expliquent l’origine de l’appellation « paravent de la côte de Coromandel » car c’est sur cette côte Est de l’Inde que les Français achètent ces objets alors même qu’ils sont fabriqués en Chine/

Les premières années du 18e siècle voient le réel démarrage des relations commerciales avec la Chine, entraînant l’apparition des Européens dans quelques ports chinois. Les Français y accèdent une première fois avec le navire Amphitrite en 1699. La fin du 17e et le début du 18e siècles correspondent au moment de la rencontre, de la découverte de l’autre et de l’appropriation de son image que narre ce petit paravent. C’est ce qui le rend exceptionnel car, jusqu’aux années passées, le corpus des paravents de la côte de Coromandel représentant des Européens était établi, au niveau mondial, à six ; à présent sept avec celui-ci.

Deux de ces paravents donnent à voir ce qui semble être une ambassade d’Européens en Chine, tandis que les quatre autres illustrent, à quelques variantes près, cette même scène de chasse. Celle-ci s’inscrit, à chaque fois, entre un fortin à droite et deux vaisseaux des compagnies de commerce européennes au mouillage, à gauche. Il manque donc ici, malheureusement, la feuille (ou les feuilles) qui présentait les deux vaisseaux à gauche. Le fortin évoque clairement ceux des ilôts de la rivière des Perles, en aval de Canton.

La scène de chasse se lit de droite à gauche. Dans un paysage de bosquets d’arbres et de rochers, des cavaliers et des fantassins encerclent du gibier pris au piège par les chasseurs. Ces derniers sont munis de mousquets, de poires à poudre, d’arcs, de piques et de différentes armes d’hast. Vêtus à l’occidentale, leur nez est proéminent. Ces caractéristiques physiques et vestimentaires correspondent aux conventions de représentation des Européens, par les Chinois, au tournant du 17e siècle.

Ce paravent et les six autres, peuvent être comparés aux nanban byobu japonais qui montrent des étrangers. D’origine chinoise, le terme nanban est utilisé au 16e siècle au Japon, et désigne les peuples du sud de l’Europe. Nanban-jin signifie littéralement « barbares du Sud ». Les paravents nanban réalisés au Japon mettent en scène l’arrivée des Portugais (1543), et des Hollandais (1609) sur le sol nippon. Ils sont composés de deux scènes principales : l’embarquement et le débarquement des marchandises d’un vaisseau étranger dans un ilôt près de Nagasaki, d’une part et le cortège des étrangers qui apportent et échangent les marchandises avec les Japonais, à proximité d’un palais, d’autre part.

Ces nanban sont réalisés à l’intention des Japonais et des Chinois avant d’être achetés par quelques Européens ; les uns et les autres, éprouvant une fascination réciproque, qui a trouvé son incarnation dans ces figurations. Il est possible que Japonais et Chinois aient accordé une valeur symbolique à ces paravents. En effet, pour les commerçants japonais ou chinois investis dans le commerce avec l’Europe, l’arrivée des vaisseaux occidentaux était synonyme de richesses. Les nanban japonais sont aujourd’hui des trésors nationaux qui ne peuvent être vendus en dehors du Japon.

Ainsi, ce petit paravent, incomplet certes, mais homogène, fait partie des rares iconographies chinoises, qui illustrent et cristallisent le moment particulier de l’arrivée des Européens en Chine, à l’issue du blocus continental, au tournant du 17e siècle.

B. Nicolas, musée de la Compagnie des Indes.